Andreï VOZNESSENSKI
Andreï Voznessenski (1933-2010) a fait précipitamment irruption dans la poésie russe au milieu du siècle passé. L’un de ses premiers poèmes, « Adieu, l'architecture ! », est perçu d’emblée, comme l’adieu aux formes sclérosées de l'ère stalinienne. Le poète, avec Evtouchenko et Akhmadoulina, devient l’un des fleurons de « la poésie du Dégel » des années 60, de l'amour exalté et de la parole poétique. Auparavant, à l’âge de quatorze ans, il avait envoyé ses poèmes à Boris Pasternak. Le futur prix Nobel avait demandé à le voir et guida ses premiers pas.
C’est pourtant, paradoxalement, une mémorable prise de bec avec Khrouchtchev, en 1960, qui l’a rendu célèbre. Après un an de semi-clandestinité, il recommence à publier, sachant toujours « jusqu’où ne pas aller trop loin » pour faire passer une poésie considérée comme avant-gardiste, bien que se situant, d’après lui, dans la droite ligne de celle de Maïakovski, mort trois ans avant sa naissance. Sans entrer en dissidence ouverte, Voznessenski protesta cependant contre l’intervention en Tchécoslovaquie en 1968 et pris la défense d’Alexandre Soljenitsyne. En 1978, il reçoit le prix d’État de l’URSS, la récompense la plus prestigieuse du pays.
Auteur d’une vingtaine de recueils, de nombreuses chansons (interprétées par Vladimir Vysotsky et Alla Pougatcheva) Andreï Voznessenski parle en poète des problèmes contemporains les plus brûlants, de ceux qui remuent partout les consciences. Et en parler en poète, c'est pour lui à chaque fois inventer des formes nouvelles d'expression. Sa jeunesse est dans l'audace du renouvellement et c'est pourquoi les jeunes le comprennent si bien.
Karel HADEK
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire, en français : La Poire triangulaire (Denoël, 1970), Srymtymnym, Incontrôlable (Gallimard, 1973), Boîte noire (Grasset, 1990), Au vent virtuel (éd. Caractères, 2005).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : Nikolaï PROROKOV & les poètes russes du Dégel n° 44 |